A 70 ans, il a accepté de relever un nouveau défi fantastique. Son rival est Marc’Andria Maurizzi. Le prodige corse avait été sacré champion d’Europe des moins de 10 ans en 2017, puis des moins de 12 ans en 2019.

Le 21 mai 2021, il a réalisé un exploit phénoménal en devenant le plus jeune Grand Maître International français de l’histoire. Marc’Andria venait de fêter ses 14 ans, cinq jours plus tôt ! Ce choc des générations se joue en 8 parties : 2 rapides le 1er jour, 2 rapides le 2e et 4 blitz le 3e. Le parrain légendaire des Rencontres résistera-il à la puissance de feu du prodige !?

RONDE 1 : Quel combat !!

Un combat incroyable et la salle Molière bondée retient son souffle. Sur l’Ouest-Indienne, le prodige domine clairement l’ouverture. Au 21e coup, les Noirs ont un pion de plus et surtout, le Cavalier b1 de Karpov n’a encore pas bougé. 10 coups plus tard, il a deux pions de moins. La finale est perdante. Marc’Andria a-t-il raté un mat ? Il est sous pression au temps et laisse le gain s’échapper. Karpov est l’un des plus grands défenseurs de l’histoire. Comme par magie, il se retrouve avec deux pions de plus passés liés. Le Roi noir est bloqué sur la 8e rangée, mais les Blancs laissent à leur tour échapper cette finale gagnante. Karpov gaffe au 76e coup, et Marc’Andria liquide la position : nulle en 78 coups.

RONDE 2 : Karpov en contre ! 

A 70 ans, quelle résistance de Karpov ! La technique éblouissante et la psychologie de combat du champion a vaincu la fougue et l’excellence de la préparation du jeune Corse. Romain Edouard analyse cette Espagnole : « Une ouverture dans laquelle Karpov n’était pas au point. Le sacrifice du pion « e » est assez nouveau. Marc’Andria a sans doute été trop timide à un moment donné. Son jeu est ensuite excellent, mais il finit par jouer le seul coup perdant avec 44.Rg3, qui permet 44...b3. C’était la seule menace qui pouvait possiblement marcher pour Karpov et Marc’Andria abandonne 3 coups plus tard (0-1 en 47 coups). Ce score de 0,5/2 est très sévère pour lui… Karpov, que dire ? J’ai joué si souvent contre lui dans la salle Molière, y compris des matchs. Si tu lui laisses une chance, il ne la lâche plus. Il faut le « tuer deux fois ». Il faut déjà obtenir une position gagnante. Ensuite, il faut réussir à ne pas tomber dans ses « peaux de banane » et finir la partie. J’espère que Marc’Andria se remettra de ce choc et qu’on ait une 2e journée palpitante ! » 

Jean-Michel Péchiné