Jour 8 – Topalov, vainqueur du Trophée Karpov !

Luca Moroni avait survolé le tournoi qualificatif. Lors des demi-finales, il savait que s’il perdait contre Gata Kamsky, qu’il considère comme une légende, c’était logique. S’il gagnait, c’était parfait.

Ce qui importait avant tout, pour lui, c’était de prendre du plaisir. Sauf que son mental n’était plus le même à l’ouverture de cette finale des Rencontres 2021. Le jeune Italien, 21 ans, s’est senti dépassé par les événements. Hélas pour lui, il ne survolait plus les débats. C’était visible sur l’échiquier, mais aussi physiquement. Il était « courbé » sur sa chaise, alors qu’il rayonnait contre Kamsky en demi-finale et lors de ses combats précédents.

Partie 1 : Topalov-Moroni 1-0

Luca subit le jeu dans l’ouverture avec les Noirs sur une Espagnole classique. Il parvient néanmoins à reprendre l’initiative. Topalov s’est-il déconcentré ? En ouvrant les lignes sur son propre Roi, il était clair qu’il s’était trompé de plan. Les Noirs semblaient filer vers la victoire, mais Luca se trompa lourdement au moment critique. Son avantage s’évapora en un coup. En mode « tueur », Topalov ne laissa pas passer sa chance : 1-0 en 41 coups sur une Espagnole classique.

Partie 2 : Moroni-Topalov 0,5-0,5

Les Blancs n’obtiennent rien dans l’ouverture sur un Gambit Dame refusé (défense Ragozin). Les Noirs prennent même un léger avantage. Une nulle leur suffit pour remporter le titre, mais Topalov gaffe. Luca ne le voit pas. Il tente ensuite le tout pour le tout, mais la finale est désespérément plate : 0,5-0,5 en 57 coups. A la question, qu’est-ce que la chance aux échecs ? Topalov répondit lors de l’interview ayant suivi son sacre : « C’est quand votre adversaire a une partie gagnante, mais qu’il rate le gain ». De son côté, le jeune Italien concéda qu’il n’avait pas vraiment cru en ses chances. Topalov, c’est un cran au-dessus. C’est un champion du monde et ancien n°1 mondial ! Lorsque ces joueurs d’une autre trempe enclenchent la 6e vitesse, il n’y a pratiquement rien à faire. « C’était une belle expérience, ajouta Luca. Ce qui comptait déjà, c’était de prendre du plaisir. ». Il souligna aussi qu’il aimerait jouer plus souvent contre des adversaires de ce niveau, et réussir à les battre. Veselin déclara qu’il n’était pas satisfait par son niveau de jeu, qu’il ne méritait pas spécialement sa victoire, mais qu’il était heureux ! A 46 ans, le Bulgare a remporté un tournoi qu’il adore et qu’il avait déjà disputé deux fois. A ses yeux, il a inscrit un nouveau titre d’une grande valeur à son palmarès déjà si prestigieux !

Jean-Michel Péchiné