Interview de Nihal Sarin

NIHAL SARIN, jeune Indien, champion du monde des moins de 10 ans est devenu Grand-Maître à 14 ans pour battre ainsi le record indien de précocité détenu par Parimarjan Negi.

Avec un ELO de plus de 2600, il est l’un des plus grands espoirs des échecs de son pays avec Rameshbabu Praggnanandhaa. Il est accompagné par son entraîneur le GM Srinath Narayanan, élève de Ramachandran Ramesh qui vient d’être récompensé par la FIDE comme le meilleur entraîneur 2019 pour les juniors. Si l’on se réfère à cette affirmation de l’ex-champion du monde Vishy Anand, Nihal peut espérer lutter au plus haut niveau : « Si vous n’êtes pas Grand-Maître à 14 ans vous pouvez oublier ! ».

G.B. Comment êtes-vous parvenu si rapidement à franchir la barre des 2600 Elo ?

Nihal Sarin : J’ai joué de nombreux tournois pour atteindre les 2606 lors du tournoi de Sigeman & Co. à Malmö en Suède cette année.

G.B. Etes-vous soutenu par la Fédération indienne ou des sponsors privés ?

N.S . La Fédération me soutient pour les compétitions officielles, les qualifications et certaines dépenses. Pour ce genre de tournoi, je suis soutenu par un sponsor privé.

G.B. Etes-vous donc déjà un professionnel ou faites-vous simultanément des études ?

N.S. Pour le moment, je suis encore à l’école.

G.B. Combien de parties classiques jouez-vous par an ?

N.S. Je participe à une douzaine de tournois par an.

G.B. Que représente pour vous Vishy Anand ?

N.S. Un bel exemple, je pense que c’est grâce à lui que les échecs sont devenus très populaires en Inde et leur progression si importante.

G.B. Que vous inspire la Chine, l’autre grande puissance émergente des échecs au XXIème siècle ?

N.S. Je ne connais pas vraiment leur situation même si j’ai joué contre quelques-uns de leurs grands-maîtres.

G.B. Parmi les joueurs actuels, quel est celui qui a votre préférence et pourquoi ?

N.S. J’admire tous les joueurs du top car il y a tant à apprendre d’eux.

G.B. Vous allez jouer un petit match contre Karpov. Est-ce la première fois que vous allez rencontrer un champion du monde ?

 N.S. J’ai joué en rapide contre Anand (une nulle) et contre Carlsen (une défaite) sur Internet. C’est la première fois !

G.B. Le nom de Sultan Kahn évoque-t-il quelque chose pour vous ?

N.S. Oui, j’en ai entendu parler. Il s’agit d’un des premiers joueurs célèbres de mon pays.

G.B. Savez-vous d’où vient le nom des défenses indiennes ?

N.S. Non, je ne sais pas…

(Vers 1850 Moheschunder Bannerjee surnommé « le Brahmane » s’inspira des règles indiennes qui ne permettaient aux pions que d’avancer d’une case pour innover en jouant des ouvertures avec des fianchetto avec …Cf6...g6…Fg7 etc.)

Nihal Sarin a joué plusieurs fois en France mais CAPECHECS est une première. Ses débuts furent plus que prometteurs, dans un style positionnel où il semble affectionner les finales de tours. Deux victoires (Marie Sebag et Etienne Bacrot) et une nulle spectaculaire contre Elisabeth Paehtz où après avoir obtenu une position gagnante, il échappa à un mat pour annuler avec une répétition des coups.

Interview de Georges Bertola